Les escrocs pullulent sur la Toile. Leur objectif : s’emparer d’une partie de vos économies. Quelles sont leurs arnaques les plus courantes et comment les éviter ?
Chaque année, de nombreux citoyens sont victimes d’escroqueries sur internet. Difficile d’estimer combien ils sont exactement. En effet, beaucoup – par honte – n’en parlent pas et ne déposent pas plainte. Nous avons interrogé le commissaire Olivier Bogaert, de la Computer Crime Unit, pour en savoir plus.
Contrefaçons et faux médicaments
Parmi les arnaques sur internet, les plus courantes, celles qui font miroiter de substantielles économies sur certains médicaments ou vêtements de marque. “De manière générale, si le prix semble trop beau pour être vrai, c’est qu’il y a un problème”, remarque le spécialiste de la cybercriminalité. “Ce sont des produits de contrefaçon. Outre le risque pour votre santé ou votre amour-propre, vous courez un autre risque bien réel : celui d’avoir des ennuis judiciaires. Importer des produits de contrefaçon est désormais sanctionné dans votre pays. Si les douanes interceptent un colis qui vous est destiné et que celui-ci contient des produits contrefaits, vous risquez donc bien plus que de perdre votre argent. “Pour les médicaments, vous feriez donc bien d’éviter tout achat sur Internet, à part sur les rares sites – belges – habilités. Quant aux vêtements, accessoires de mode et produits de beauté, il vaut mieux vous concentrer sur les sites européens, moins susceptibles de vendre de la contrefaçon.
Tickets de concert : attention !
S’il existe de nombreux sites légitimes de revente de tickets de concert, les arnaques pullulent malheureusement dans ce domaine. “Heureusement, il existe d’excellentes initiatives qui permettent de séparer le bon grain de l’ivraie”, précise le commissaire Bogaert. “Par exemple, www.ilovemyticket.be publie une liste noire des sites qui revendent des faux tickets.” Le site met également en garde contre les plates-formes comme ebay, 2ememain.be ou kapaza.be. “Ces sites présentent en effet des risques. D’une part, vous ne pouvez pas être complètement certain que le billet n’est pas un faux. Ensuite, certains escrocs n’hésitent pas à revendre plus de dix fois le même billet.” Le conseil de notre expert : “Si vous tenez vraiment à acheter un billet de seconde main, insistez pour que l’échange ait lieu en mains propres. Ne remettez l’argent que si vous êtes certain d’avoir reçu un ticket authentique.”
L’escroc nigérian et l’héritage miracle
Tout le monde a déjà reçu un e-mail en provenance d’un pays d’Afrique dans lequel un prétendu notaire, avocat ou banquier vous annonce que vous êtes l’unique héritier d’une somme faramineuse, avant de vous demander votre concours pour faire sortir l’argent du pays. “Bien entendu, il s’agit d’une arnaque destinée, d’une manière ou d’une autre, à vous soutirer de l’argent”, commente Olivier Bogaert. “L’arnaque tient son nom du pays où les escrocs ont commencé à exercer leurs douteux talents. Mais le Nigéria a depuis adopté une législation stricte pour lutter contre cette criminalité et les auteurs se sont déplacés. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire et le Bénin sont devenus leurs nouvelles bases d’opération. Mais cela bouge aussi : la Côte d’Ivoire vient de lancer une plate-forme de lutte contre la cybercriminalité sur laquelle les ressortissants étrangers peuvent déposer plainte.”
Les ‘brouteurs’, spécialistes de l’arnaque au sentiment
D’autres escrocs préfèrent jouer sur le sentiment de solitude de leurs victimes. “Ils les séduisent via des sites de rencontre et parviennent à créer l’illusion d’un sentiment amoureux”, explique le commissaire Bogaert. “Très vite, ils réussissent à soutirer de l’argent à leurs victimes. Pour y parvenir, ils peuvent prétexter avoir besoin de papiers ou d’un billet d’avion pour quitter leur pays. Ou pire : ils peuvent inciter leur correspondant(e) à des comportements compromettants sur leur webcam, enregistrer une vidéo à leur insu, puis les faire chanter.” Cette deuxième méthode est très répandue et vise aussi les adolescents. “Les brouteurs sont très malins : ils réclameront aux enfants des sommes que ces derniers sont capables de se procurer.” Qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, les victimes portent rarement plainte, car le sentiment de honte est très fort. “Nous essayons cependant de former des policiers dans chaque commissariat à l’accueil des victimes de tels comportements”, précise le commissaire.